Pour les elfes, au début, il n'y avait qu'Ilúvatar, le Père Universel qui a toujours existé. Par une émanation de sa pensée, il créa d'abord des anges appelés les Ainur, “les bénis”. Ces derniers appartenaient à deux castes bien distinctes, les Valar, en quelque sorte des archanges et les Maiar, leurs aides et serviteurs. Tous étaient donc de même nature puisqu'ils avaient été engendrés de la pensée du Créateur de toutes choses, sauf que le pouvoir des Maiar était moindre. Tous furent ainsi réunis avant que nulle chose ne fût créée. Ni le monde, ni le temps, ni la lumière, ni les Enfants n'existaient encore.

Ilúvatar entreprit aussitôt d'instruire ses anges par la musique.  Mais bientôt, une dissonance se fit entendre et la sublime mélodie dégénéra en une orageuse cacophonie, car tous sauf Melkor chantaient en harmonie selon ce que l'Éternel leur avait inspiré. Ce Vala était celui qui possédait le plus grand talent et il s'imaginait pouvoir faire aussi bien que son géniteur lui-même. Alors, Ilúvatar décida de démontrer ce que contenaient les mélodies que les Ainur avaient chantées et dit : "Eä ! que le monde soit !" Et le monde fut : une sphère apparut dès lors, suspendue au milieu du Vide Originel, alors que le chant des anges reprenait depuis le début…

Certains parmi les Ainur les plus accomplis entrèrent immédiatement dans le monde qu'ils avaient engendré par leur interprétation du Chant Divin afin d'accomplir la prophétie.  Parmi les Valar et les Valier, leurs équivalents féminins, qui entreprirent cette mission, il y avait: Manwë et Varda, Aulë et Yavanna, Irmo et Estë, Namo et Vaïrë, Oromë et Vanna, Tulkas et Nessa, Nienna et Ulmo. Avec eux était survenu Melkor qui, en faussant le Chant Divin plutôt que de suivre la voie du Père Universel, avait mis au monde le mal et la noirceur.  Et puisqu'il l'avait pervertie, interprétée à son goût, il croyait que la Création tout entière lui appartenait de droit.

Avec la venue des Valar sur Arda, ce fut le commencement des temps.  Les archange d'Ilúvatar entreprirent d'immenses travaux dans les déserts infinis, creusèrent des vallées, édifièrent des montagnes, formèrent des océans, pendant que le renégat Melkor s'ingéniait à détruire leur œuvre pour la contrefaire selon ses noirs desseins. Mais malgré les manœuvres du malin, les Royaumes prenaient résolument forme.  Quand Melkor imaginait le froid pour ternir les lacs, les canicules pour tarir les sources, les Valar inventaient la pluie pour arroser le sol et la neige pour embellir les eaux. 

C'est ainsi que les Valar et les Valier édifièrent l'île d'Almaren où ils croyaient pouvoir jouir avec insouciance d'un éternel printemps. Cependant, caché dans sa forteresse souterraine d'Utumno, Melkor poursuivait ses œuvres malveillantes : le souffle de sa haine fit pourrir les plantes, certains animaux engendrèrent des monstres, le sol se fendit et un gigantesque raz de marée engloutit d'un coup l'île sanctifiée.

Les Valar durent alors quitter les Terres du Milieu qu'ils avaient choisies pour l'extrême ouest, au pays d'Aman, où ils bâtirent Valinor, l'Île des Puissants. Ils y plantèrent deux Arbres irradiants, l'un d'or et l'autre d'Argent, Laurelin et Telperion. Et c'est ainsi que la lumière apparut la première fois sur Arda. Ensuite, avec la rosée de l'Arbre d'Argent, les façonneurs de la création engendrèrent les étoiles. Il y avait maintenant sur le monde le temps, de la lumière, mais toujours pas de créatures humanoïdes pour l'habiter, soit les Enfants tant attendus de l'Éternel.

Dans sa grande sagesse, via le chant qu'il leur avait inspiré, Ilúvatar avait révélé beaucoup de choses à ses archanges, leur exposant ce qui est, fut et sera, mais il s'était bien gardé de leur montrer le cours précis des événements, ni la fin des temps. Il ne leur avait pas dit non plus où apparaîtraient ses créations les plus aimées, car cela faisait partie des choses qu'il avait gardées pour lui. Durant de nombreux siècles, à Valinor, les Valar coulèrent des jours heureux derrière les Monts d'Aman, attendant l'arrivée des rejetons de l'Omniscient sous la lumière des arbres, où rien ne fanait, tout était pur et où une douce lumière nimbait toutes les choses qui existaient.

Les elfes furent les Premiers-Nés d'Ilúvatar sur Arda. Ils s'éveillèrent sur les rives du Lac de Cuivenen, “L'Eau de l'Éveil”, et muets encore. Leurs yeux virent avant toutes choses les étoiles du ciel. Depuis lors, ils n'ont cessé d'aimer cette lumière et d'adorer leur conceptrice, Varda, avant tous les autres parmi les Valar, aussi nommés Aratar. Les elfes restèrent longtemps dans cette demeure, au bord du lac. Sous les étoiles, ils apprirent un langage et donnèrent un nom à tout ce qu'ils voyaient. Ils se nommèrent les Quendi, et ils appelèrent Varda: "Sehanine", "La Reine des Puissants", dans le langage dont ils se dotèrent. 

Bien plus tard, quand les elfes s'installèrent à Highfolk, ils choisirent de s'établir à Qüiris, "La Terre Promise", car cet endroit leur rappelait le lieu où ils étaient apparus sur Arda. La musique de la création avait rempli ses promesses : il y avait maintenant le monde, le temps, la lumière et les enfants pour peupler ce monde que les Valar, guidés par Ilúvatar, avaient créé. Ce n'est que plus tard, après que Melkor eut coupé les Arbres de Lumière, qu'apparurent le soleil, la lune et aussi les humains, les Successeurs, mais ça, c'est une autre histoire.

En quenya, le mot Eldar signifie "êtres du Peuple des Étoiles", un nom qui aurait été donné aux elfes par le Vala Oromë lorsqu'il découvrit leur présence et se révéla à eux.  Avec le temps, cette appellation en vint à ne plus désigner que les trois grandes tribus elfiques qui partirent du Lac de Cuivénen et entreprirent la grande marche vers l'est. Les Vanyar formaient la première légion, les Noldor la seconde, tandis que les Teleri, les plus nombreux, suivaient derrière. 

Les Vanyar se distinguaient de leurs cousins par leur peau pâle luisant à la pénombre, leurs étroits yeux verts légèrement bridés, ainsi que leurs longs cheveux blonds couleur de miel.  Au cours des premières escarmouches contre les créatures souillées de Melkor, ils s'étaient révélés les meilleurs guerriers.  Seulement, ils s'impatientaient d'atteindre les terres d'Aman où les avaient tous si ardemment convié Oromë.  Ils reprirent leur route sans attendre, alors que les deux autres tribus s'attardaient quelques ans pour se reposer et se regrouper au sein d'une sylve merveilleuse, la Forêt Verte.

C'est au cours de ces temps anciens, lorsque le mal entra en force sous les frondaisons, que les Vanyar, appelés à l'aide, refusèrent de revenir en arrière pour porter mains fortes au Noldor et aux Teleri. Par leur faute, la Forêt Verte devint la Forêt Noire de Myrkwood et les elfes laissés à eux-mêmes durent fuir en catastrophe, en comptabilisant de nombreuses pertes. Depuis ce jour, un grand grief subsiste entre les Vanyar et les deux autres tribus des Eldar.

Ce que l'histoire retint des ancêtres des Hauts-Elfes est qu'ils ressemblaient énormément aux Vanyar, mais avec des caractéristiques qui leur étaient propres. Leur peau s'avérait aussi très pâle, et bien qu'ils passassent la majorité de leur temps à l'extérieur, ils ne bronzaient jamais. Leur pâleur n'avait rien de cadavérique et se rapprochait de la couleur de la crème fraîche. La moitié d'entre eux avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, tandis que l'autre moitié possédait une tignasse plus sombre, allant du châtain clair au noir corbeau, avec un regard d'un vert intense. 

Il y a environ deux millénaires, après une longue et difficile errance, les Noldor et les Teleri atteignirent une nouvelle sylve propice à leur installation, forêt qu'ils baptisèrent Highfolk.  Il trouvèrent là, dans le nord, des elfes qui vivaient de façon très primitive, les Grugash. Puis un groupe d'elfes du Levant, communément appelés Sindar ou elfes gris, vinrent s'établir au sud du pays, dans une vallée isolée des Montagnes Koyri, où ils construisirent leur cité de Synnora. Hautains et condescendants, imbus de leur propre importance, ils dédaignaient les contacts avec les autres espèces humanoïdes, y compris leurs propres frères de race, tenant énormément à la pureté de leur sang. 

Depuis cette lointaine époque, il n'a jamais existé de véritables liens politiques entre ces trois communautés elfiques, et aucun conflit ne survint entre elles, chacune s'occupant de ses propres affaires sans tenter de s'ingérer dans celles des autres. Toutefois, lorsqu'un grave péril menace les terres qu'ils partagent, les Hauts-Elfes, les tribus unies des Noldor et des Teleri, les Sindar et les Grugash collaborent ensemble pour repousser l'envahisseur.